Comment vivre avec sa bipolarité ?

3 conseils essentiels pour vivre avec un trouble bipolaire

Qu’il s’agisse de loin ou de près, la bipolarité nous concerne tous. Selon la HAS, 1 à 2,5 % de la population en serait atteint. Et ce chiffre serait sous-estimé. Nous savons aussi que c’est une maladie complexe et invalidante, tant par ses phases d’euphorie intenses (ou épisodes maniaques), que ses phases d’humeurs dépressives. Pourtant, la bipolarité n’a ni empêché Mariah Carey de révéler ses talents de chanteuse au grand public, ni Benoit Poelvoorde de jouer sur les écrans de cinéma. Aujourd’hui, nous pouvons nous rétablir, vivre bien et heureux, et cela, malgré les troubles bipolaires ! Dans cet article, nous vous livrons nos trois meilleurs conseils pour maintenir un quotidien épanoui avec la maladie.

Attention, comme toute maladie psychiatrique, la bipolarité est un diagnostic qui nécessite un avis spécialisé. Nous ne remplaçons évidemment pas un suivi médical. D’ailleurs, c’est notre premier grand conseil !

Respectez les prescriptions médicales

Psychothérapie, psychoéducation, hôpitaux de jour (HDJ), équipes pluridisciplinaires : aujourd’hui, les médecins psychiatres, les hôpitaux, et leurs équipes disposent d’outils variés pour vous soigner. L’objectif est de respecter au mieux votre projet de vie. Pour en bénéficier, il est nécessaire que vous puissiez communiquer clairement avec le corps médical. Nous vous listons les principaux sujets que vous pourriez aborder lors de vos consultations.

Rapportez les effets de vos médicaments à votre médecin

Une des principales causes de rechute du trouble bipolaire est la rupture de la prise des médicaments. En général, elle est surtout liée à des effets secondaires tels que des inconforts. Mais qu’il s’agisse d’un arrêt total, d’une simple diminution ou d’une augmentation de la dose, toute modification de votre traitement sans avis médical vous expose à des conséquences graves. Parmi elles, nous pouvons citer les récidives, les effets toxiques et le surdosage. C’est pourquoi il est important de communiquer au mieux avec votre médecin. Pour cela, il existe des outils simples que vous pouvez mettre en place dès maintenant. Aidez-vous, par exemple, d’un calendrier de symptômes. Notez-y chaque jour l’état de votre humeur, mais aussi la qualité de votre sommeil et de votre appétit, reportée sur une échelle de 0 à 10. N’oubliez pas de le présenter lors de la prochaine consultation avec votre médecin. Elle donnera des informations précieuses sur l’évolution de votre maladie. Cela pourra aider les professionnels de santé à évaluer la balance bénéfice-risque de votre médicament, et l’optimiser au mieux. 

Restez assidus 

Comme pour toutes les maladies chroniques, la bipolarité nécessite un traitement par médicament au long cours. Nous l’appelons thymorégulateur (ou régulateur de l’humeur). Il peut s’agir du lithium, d’un antiépileptique, ou d’un neuroleptique. Ils se prennent tous les jours, et peuvent donc vous exposer à des oublis. Si vous vous sentez concerné, sachez qu’il existe des stratégies pour y remédier. Votre médecin peut vous prescrire un pilulier ou une aide humaine. Si c’est le cas, un infirmier viendra vous délivrer le traitement directement chez vous. Cela s’avère souvent nécessaire lors de l’ajout d’un médicament au moment d’une rechute. L’aide n’est alors que ponctuelle. Le but est toujours de vous faciliter la prise… et la vie.

Saisissez toutes les aides 

Pour soigner la bipolarité, les médicaments sont primordiaux, mais ils ne sont pas exclusifs. D’autres approches, telles que les psychothérapies, viennent les compléter. Sachez que le panel des psychothérapies n’a jamais été aussi riche et varié qu’aujourd’hui : thérapie familiale, thérapie de soutien, thérapie cognitive et comportementale, thérapie interpersonnelle… Elles peuvent être brèves ou longues, se pratiquer en individuel ou en groupe, avec un ou plusieurs psychothérapeutes. Elles font intervenir des psychologues ou des médecins psychiatres formés. La psychothérapie n’est plus une option. C’est une véritable recommandation de la Haute Autorité de Santé (HAS). Elle est de plus en plus accessible, et l’efficacité de la thérapie cognitive et comportementale (TCC) n’est plus à démontrer. Si ça n’est pas déjà fait, c’est le moment d’en discuter avec votre médecin. 

Connaissez votre bipolarité

Troubles du comportement, suicides… La bipolarité est une pathologie mortelle. Selon l’INSERM, elle réduit l’espérance de vie de dix ans. Un malade sur deux fera une tentative de suicide au cours de sa vie. Les chiffres sont sombres, et il est indispensable de se protéger de ses conséquences. 

Apprenez

En 2023, le savoir n’appartient pas uniquement au médecin. Le psychiatre a un devoir d’empathie, de soutien, mais aussi d’information. La transmission de savoir a montré son efficacité, et est maintenant au cœur d’une méthode pédagogique appelée psychoéducation. Cette technique s’appuie sur la délivrance d’informations clefs, claires et instructives, aux malades et à leurs proches. Elle est encadrée par des professionnels de santé formés. Le but est de favoriser le rétablissement du patient, en le rendant autonome face à ses troubles. Chacun peut ainsi agir à son niveau, et adopter des stratégies pour éviter les rechutes. 

Observez 

Vous êtes le mieux placé pour le savoir : chaque bipolarité est unique. Les symptômes de la maladie varient d’un malade à l’autre. Lors d’une rechute, il n’est pas toujours évident de les identifier et d’en prendre conscience. Mais vous pouvez éviter cela, en agissant bien avant. Et se connaître, ça s’apprend ! Identifiez les premiers signaux qui précèdent une phase dépressive ou maniaque. Des troubles du sommeil ou de l’appétit ? Une irritabilité ? Une agitation ? Une énergie trop forte ? Une tristesse de l’humeur ? Avec l’aide de votre médecin et vos proches, repérez-les et notez-les. Ils vous permettront d’adopter les bons réflexes

Entourez-vous 

Incompréhension, ruptures familiales et amicales, perte d’emploi… Les répercussions de la maladie peuvent être sévères, et mener à l’isolement. Pourtant, le repli sur soi aggrave les troubles et le mal à être. Nous vous aidons à rompre le cercle vicieux de la solitude

Acceptez l’aide

Il n’est pas toujours évident d’aborder la maladie avec ses proches. Il est ainsi possible de se faire aider. L’approche médicale se veut de plus en plus inclusive et globale. Qu’il s’agisse de psychoéducation, de thérapie familiale, d’espaces de parole entre aidants, l’hôpital peut vous proposer d’intégrer votre famille dans votre parcours de soin. Vos proches sont une aide précieuse à ne pas négliger. Trouvez-leur une place pour qu’ils puissent apprendre à connaître cette maladie parfois mal comprise. Ils vous soutiendront aux mieux. Toutefois, n’oubliez pas que vous pouvez également faire intervenir des aides sociales et médico-sociales (éducateurs, aides à domiciles, assistants sociaux, ergothérapeutes…). 

Rencontrez

Construire une famille, avoir un travail stable, une maison, un projet de vie… Autant de choses que nous pouvons croire impossibles avec les troubles bipolaires. Pourtant, beaucoup ont trouvé un équilibre entre maladie et vie épanouie. Ce sont d’ailleurs les mieux placés pour en parler. On les appelle les pairs aidants. Venez les écouter, échanger en groupe et pourquoi pas, partager à votre tour votre expérience de patient, mais aussi de personne à part entière. Vous pouvez vous rapprocher d’associations  ou de réseaux de patients. La seule règle ? Aucun jugement ! 

Certes, nous ne guérissons pas de la bipolarité, mais nous pouvons vivre bien. L’équilibre n’est pas toujours évident à atteindre, mais il est possible. Un suivi assidu, un entourage soutenant, et une connaissance de soi sont les clefs du rétablissement. Bien sûr, elles doivent s’accompagner d’un rythme de vie régulier et d’un bon sommeil. Bannissez tabac, alcool et drogues. Votre médecin est là pour vous aider ! 

Marine Grivet

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